Les nouveautés du programme Europe créative
18 décembre 2013 par Guillaume Prieur - Vue(s) d'Europe
Un mois seulement après l’adoption du programme Europe créative, la Commission européenne vient de publier ses premiers appels à propositions . Dès lors, une série de questions émerge. Quelles sont les grandes lignes de ce programme? Apporte-t-il des changements par rapport aux précédents ?
Tout d’abord, et une fois encore, Europe créative vise à atteindre deux objectifs principaux : favoriser la sauvegarde et la promotion de la diversité culturelle et linguistique, et renforcer la compétitivité des secteurs de la culture et de la création pour favoriser une croissance intelligente, durable et inclusive.
L’architecture du programme se distingue des précédents en ce qu’elle fusionne trois programmes auparavant distincts (Culture, MEDIA et MEDIA MUNDUS). Le volet MEDIA du programme, destiné au secteur de l’audiovisuel, bénéficie de 56% du budget d’Europe Créative, contre 31 % pour le volet culture, et 13% pour le volet dit trans-sectoriel (qui comprend, entre autres, une facilité financière destinée à améliorer l’accès des PME des secteurs de la culture et de la création au financement).
Plus particulièrement, le volet MEDIA vise à renforcer les capacités du secteur à l’ère du numérique (en encourageant par exemple l’utilisation de nouveaux équipements) et à favoriser la circulation transnationale (en soutenant la distribution d’œuvres européennes non nationales, les nouveaux modes de distribution flexibles et les activités commerciales de sous-titrage, de doublage et d’audiodescription).
Bien sûr, le programme est toujours axé principalement sur le financement de films et œuvres interactives européens et continue à encourager le développement des coproductions. Il se concentre sur la conquête de nouveaux publics, notamment des enfants et des jeunes, en finançant des activités de marketing multi-territorial et des événements promotionnels.
Divers éléments seront pris en compte lors de l’analyse des dossiers : la dimension européenne des projets, leur effet systémique, s’ils proviennent de pays ayant peu de capacité de production, leur caractère innovant… La simplification administrative pour l’accès aux financements et pour les rapports d’activité est également une priorité. Par exemple, les contrats pour les festivals n’auront plus à être soumis année par année.
Par ailleurs, le volet MEDIA continue de soutenir la coopération entre les professionnels des pays-tiers et de l’Union européenne pour le développement de coproductions internationales (comme le faisait MEDIA MUNDUS), notamment par le soutien aux fonds nationaux déjà existants dans ce domaine, avec l’objectif d’accroitre leur dimension européenne et leur accessibilité.
Enfin, et surtout, Europe Créative bénéficie d’un budget à la hausse de 1,46 milliard d’euros pour 2014-2020, une augmentation qu’il convient de saluer et qui véhicule un message positif (et bienvenu, après plusieurs mois de tensions non dissimulées entre la Commission européenne et le secteur audiovisuel) sur le rôle qu’attribue l’Europe à la culture. Cependant, malgré cette augmentation notable de 9% par rapport à la période 2007-2013, ces chiffres sont à relativiser. Rappelons ainsi que son budget de 1,7 milliard est à répartir sur 7 ans et, qu’en comparaison, le CNC bénéficie par exemple d’un budget de 700 millions d’euros par an. Deux poids, deux mesures. Preuve s’il en est que, malgré les changements et les nouveautés du programme européen, les politiques nationales de soutien au cinéma et à la culture en constituent toujours le socle fondamental, et qu’elles ne doivent donc pas être fragilisées ou remises en cause.
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