L’Europe de la Culture à l’heure du COVID-19
19 mars 2020 par Guillaume Prieur - Vue(s) d'Europe
L’impact dramatique du virus COVID-19 sur la culture et la création fait aussi réagir en Europe. Hier, Sabine Verheyen, présidente de la Commission de la Culture et de l’Education du Parlement européen, a appelé à aider les secteurs éducatifs et culturels, très fortement touchés par la crise.
Elle a eu raison. Car les Etats européens vivent aujourd’hui une crise sans égale. Une crise sanitaire d’abord. Une crise économique également avec de nombreuses activités qui s’arrêtent. Le spectacle vivant a fait partie des premiers secteurs mis à l’arrêt avec les établissements culturels et lieux de spectacle fermés. Mais, ce sont aussi désormais les tournages qui sont stoppés, les projets d’écritures qui sont annulés, et bien d’autres projets et initiatives artistiques qui ne verront pas le jour.
Pour être à la hauteur, l’Union européenne devra évidemment apporter sa contribution, sonnante et trébuchante, à tout ce tissu d’entreprises qui forment les industries créatives et culturelles. C’est une priorité. Mais, elle ne devra pas laisser sur le bord de la route les milliers d’auteurs qui ne bénéficient bien souvent d’aucune protection, d’aucune garantie qui leur permettrait d’amortir le choc financier de la période. Le plan pour les entreprises doit s’accompagner d’un plan en faveur des auteurs.
Nous le demandons en France, nous le souhaitons aussi en Europe.
Quand le Parlement européen débattait de la directive sur le droit d’auteur, Costa-Gavras avait eu l’occasion de rappeler aux députés un principe simple et juste : l’Europe défend la création ; elle doit aussi défendre ses créateurs.
L’Europe aura demain l’occasion, l’opportunité – et même l’obligation – de montrer qu’elle a entendu ce message et qu’elle est présente au rendez-vous. Elle devra changer de braquet et opérer une sorte de révolution copernicienne. La crise est suffisamment grave, brutale et dangereuse pour être audacieux…Il ne faut rien s’interdire et tout inventer. Y compris de développer des programmes d’aides directes aux créateurs européens.
Pour parler vrai, c’est aussi à l’égoïsme et à la courte vue d’un certain nombre d’Etats qu’il va falloir tordre le cou. Quand la dernière proposition de la présidence croate de l’Union européenne est de baisser de 6% le budget d’Europe Creative pour les 6 prochains années alors que la Culture ne représente que 0,16% du budget européen global, il y a de quoi avoir honte. Est-ce que la culture représente uniquement 0,16% du projet européen ? Est-ce que les créateurs en Europe ne valent pas plus que 0,16% du budget européen ?
Quand la crise sera terminée, il faudra de toute évidence reconstruire l’Europe, l’aider à se relever, à redémarrer. Il sera aussi nécessaire de redonner un sens au projet européen et d’écrire une nouvelle page à partir de nos valeurs communes et de nos ambitions.
Plus que jamais, construire un nouveau pilier de l’Union européenne autour de l’idée que la création européenne, dans toute sa force et sa diversité, peut être le ciment et le socle de nos sociétés, est une urgence.
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