A l’Est, du nouveau !
23 janvier 2013 par Guillaume Prieur - Vue(s) d'Europe
Il est des phrases qui marquent l’imaginaire collectif et qui deviennent vite des citations passe-partout, de véritables références. S’il y en a assez peu concernant l’Europe, celle de Jean Monnet, confessant que « si c’était à refaire, je commencerais par la culture » est vite devenue une phrase incontournable dans la bouche de ceux qui veulent défendre une ambition forte pour la culture.
Pourtant, il semble bien que cette phrase n’a jamais été prononcée et que cet engagement lucide en faveur de la culture par l’un des pères de l’Europe relève plus d’une vision fantasmatique que de la réalité.
Hélas, trois fois hélas car sans doute, la priorité accordée à l’émergence et au soutien de la création européenne aurait façonné une Europe différente, moins enfermée dans le dogme de la libre concurrence et plus ouverte sur la défense de la diversité culturelle.
Le salut peut peut-être venir d’ailleurs. Et plus particulièrement de ce couple franco-allemand qu’on attend toujours uni et solide pour porter les réformes institutionnelles de l’Union ou pour trouver une porte de sortie à la crise financière et budgétaire à l’Union et qu’on n’entendait peu sur les enjeux culturels.
La déclaration du Conseil des Ministres franco-allemand qui s’est tenu hier à Berlin à l’occasion du cinquantième anniversaire du Traite franco-allemand marque à l’évidence un sursaut. Un sursaut bienvenu pour souligner que « la France et l’Allemagne renforceront leur coopération autour …de l’approfondissement d’un système économique et fiscal européen protégeant le droit d’auteur y compris dans le domaine numérique…et pour que le cadre réglementaire européen soit favorable à la création artistique, à la diversité culturelle, à la mobilité des artistes et des œuvres, ainsi qu’au développement et à la diffusion des biens et services culturels. »
L’engagement n’est pas mince ! Ces convergences de vue permettent de nourrir quelques espoirs alors que des dossiers importants sont présents sur le bureau de la Commission : poursuite de l’examen de la Communication Cinéma et des aides qui sont attribuées à notre création, ouverture prochaine des négociations pour un accord de libre-échange entre L’Union européenne et les Etats-Unis, fiscalité du numérique, avenir du droit d’auteur à l’ère numérique…
Quand il s’agit de défendre l’exception culturelle et de porter une ambition pour la création européenne, la France ne trouve pas toujours aisément des alliés compréhensifs pour la soutenir. Ce désir commun de la France et de l’Allemagne de s’engager résolument, en Europe, dans la défense d’une exigence culturelle forte est évidemment la bonne nouvelle de ce début d’année.
C’est une nouvelle qui ravira tous ceux qui, comme Jacques Delors en son temps, pensent qu’ «on ne tombe pas amoureux d’un grand marché » et qui considèrent qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et pour commencer par la culture.
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