Accès des européens à la culture : un sondage inquiétant
6 novembre 2013 par Guillaume Prieur - Vue(s) d'Europe
Les Européens s’intéressent-ils de moins en moins à la culture ? Les résultats d’un nouveau sondage Eurobaromètre sur l’accès et la participation de nos concitoyens à la culture ont malheureusement tendance à le montrer. Depuis 2007, date où un sondage identique avait été réalisé, le nombre d’Européens qui participent à des activités culturelles, comme acteurs ou spectateurs, n’a cessé de diminuer.
C’est vrai pour toutes les disciplines artistiques à l’exception du cinéma qui a été fréquenté au moins une fois dans l’année par 52% des répondants (+1%). Naturellement, les disparités sont importantes entre les pays, et particulièrement entre le Nord de l’Europe et le Sud. La participation à tous les types d’activités culturelles, de la lecture à la visite d’un musée, est plus fréquente dans les pays du Nord avec, en tête, la Suède (43 % des répondants décrivent leur taux de participation comme élevé ou très élevé), le Danemark (36 %) et les Pays-Bas (34 %). A l’inverse, les pays du Sud sont en queue de classement : la Grèce, où seuls 5 % des répondants qualifient leur taux de participation d’élevé ou de très élevé, le Portugal et Chypre (6 %), la Roumanie et la Hongrie (7 %) et l’Italie (8 %).
Disparité géographique donc, disparité également dans les raisons qui expliquent ce recul de la fréquentation et de la pratique artistique : le manque de temps a été invoquée par 44 % des répondants pour ne pas avoir lu de livres par exemple ; le manque d’intérêt parfois puisque c’est la raison évoquée par 50 % des répondants pour expliquer qu’ils n’ont pas assisté à un ballet, un spectacle de danse ou un opéra ; le manque d’argent est aussi une explication (25% des répondants justifient de n’avoir pu assister à un concert pour cette raison). Enfin, le manque de choix est revendiqué par 10% des sondés en moyenne.
La Commission européenne a réagi à ce sondage par la voix d’Androulla Vassiliou, Commissaire européenne chargée de l’éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse qui a indiqué que : « la Commission continuera de soutenir l’accès et la participation à la culture au moyen de son nouveau programme Europe créative et d’autres sources de financement de l’UE».
Mais, le sursaut est moins à attendre d’une Europe qui ne peut pas tout que des Etats et des politiques nationales d’accès à la culture, de disponibilité des œuvres, de fiscalité des biens culturels, de soutien à la création. Plus exactement, ce chantier de la démocratisation culturelle, souvent évoqué dans les discours mais jamais terminé, est la clé qui permet d’éveiller la curiosité des plus jeunes d’entre nous, de former, pas uniquement les créateurs de demain, mais aussi les futurs spectateurs et de diversifier les publics de la culture.
Car c’est là un des enseignements centraux de cette étude : les personnes les plus instruites, ayant un statut social élevé ou qui ne connaissent pratiquement jamais de difficultés financières restent celles qui sont les plus susceptibles de participer à des activités culturelles ! Ce ne doit pas être une fatalité.
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