Des paroles et des actes
1 octobre 2012 par Guillaume Prieur - Vue(s) d'Europe
DPDA pour la twitosphère. C’est évidemment le titre d’une émission politique du paysage audiovisuel français désormais bien connue. C’est aussi l’impression que ne cesse de donner la Commission européenne depuis trop longtemps. Ces derniers jours, elle a ainsi « donné le coup d’envoi de sa stratégie visant à stimuler la croissance et les emplois dans les secteurs de la culture et de la création », pour reprendre l’intitulé du communiqué de la Commission.
On y apprend entre autres que la culture représente jusqu’à 4,5% du PIB européen et 8,5 millions d’emplois dans l’Union européenne. On y apprend aussi qu’il faut « renforcer le potentiel de compétitivité et d’exportation de ces secteurs et de maximiser les retombées positives dans d’autres domaines tels que les TIC, l’innovation ou la rénovation urbaine. » On y apprend enfin que ces actions doivent être « principalement axées sur le développement des compétences, l’accès au financement, la diffusion de nouveaux modèles d’entreprises, l’élargissement de l’audience, l’accès aux marchés internationaux et le renforcement des liens avec les autres secteurs ». Voilà les paroles.
Pour les actes, il faudra sans doute malheureusement attendre encore longtemps car les politiques culturelles doivent désormais passer sous les fourches caudines des intégristes du marché libre et de la non-régulation. La Communication sur le cinéma qui valide les politiques territoriales de soutien au cinéma ? Remise en cause par les tenants d’un marché intérieur qui doit réduire à sa plus petite expression les politiques de soutien nationales, aussi efficaces soient-elles ! La gestion collective ? Soumise à un projet d’harmonisation qui méconnait les spécificités du secteur et de l’économie de l’audiovisuel ! La taxe sur la distribution des services audiovisuels qui est un instrument de la modernisation du financement de l’audiovisuel et du cinéma ? Passée au rabot d’un paquet télécom qui érigerait les nouveaux acteurs des télécoms et de l’Internet en vache sacrée, inatteignable à toute taxation culturelle.
Les exemples seraient encore nombreux. Trop nombreux.
Au point que la Commission, que l’on ne voudrait tout de même pas comparer à l’hydre de Lerne, se comporte toutefois comme un Janus moderne, qui défend une belle ambition culturelle avant de mieux la piétiner au nom des principes fondateurs de l’Union.
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