Nouveau tableau en Europe

25 juin 2024 par - Vue(s) d'Europe

La dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin par le président de la République aura fait passer au second plan les résultats des élections européennes. La déflagration politique provoquée par cette annonce, les incertitudes qui pèsent sur la future gouvernance de la France et l’éventuelle arrivée au pouvoir du Rassemblement National ont depuis 15 jours éloigné notre pays des actualités de la sphère européenne.

Pourtant, un nouveau tableau politique se dessine à Bruxelles où le calendrier est chargé de choix cruciaux : recomposition des groupes politiques, discussion des « tops jobs », attribution des commissions spécialisées…

Où en sommes-nous ? Les grands équilibres du mandat précédent restent similaires, mais la palette politique européenne se teinte de nouvelles nuances. La montée de l’extrême droite pourrait changer les jeux d’alliance au Parlement européen. Le groupe des Conservateurs et Réformistes Européens (CRE), soutenu par la Première Ministre italienne, rivalise avec les libéraux de Renew, parti soutenu par le Président Français. Le rôle des non-affiliés sera déterminant : 89 eurodéputés nouvellement élus et actuellement sans groupe, doivent faire un choix qui n’est évidemment pas sans influence. En France, Reconquête a choisi CRE, renforçant le nombre de siège détenu par le groupe. Si ce dernier parvient à s’imposer en troisième position cette semaine, il deviendra un élément central de la composition du Parlement, capable d’influencer les grands traits et les nuances subtiles des décisions clés, tout en négociant des alliances stratégiques avec les autres groupes majeurs.

Plus encore, cette semaine, les chefs d’État et de gouvernement, choisiront les acteurs principaux de cette nouvelle représentation européenne : les présidents de la Commission, du Conseil de l’UE et du Parlement. Ces choix sont primordiaux, car les « tops jobs », comme on les surnomme dans la bulle bruxelloise, incarneront l’identité et la vision de l’UE face aux défis actuels.

Dans ce nouveau paysage, les enjeux du secteur culturel ne doivent pas être négligés. Ils sont considérables : le futur de la régulation des plateformes de streaming, la mise en application de la loi sur l’intelligence artificielle et la protection des droits des créateurs dépendent directement des législateurs européens. Le programme « Europe Créative », véritable colonne vertébrale du soutien à la création, pourrait aussi voir ses contours et ses financements redessinés par la nouvelle configuration parlementaire.

Bref, il est plus que jamais nécessaire que des parlementaires nouvellement élus portent la voix de la diversité culturelle et du soutien à la création en rejoignant à l’été des commissions clés pour agir sur les prochains règlements et directives : la commission Culture, Affaires juridiques et Marché intérieur seront tout particulièrement au cœur de l’examen de projets essentiels, notamment autour de la possible révision de la directive Services de Médias Audiovisuels, des défis posés par l’IA générative pour le droit d’auteur ou de l’examen du règlement sur le géoblocage.

Un nouveau tableau européen se dessine. Soyons sûrs qu’il contribuera à façonner l’avenir de la culture sur notre continent.

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