Politique audiovisuelle : encore un effort, s’il vous plait !
23 mars 2011 par Guillaume Prieur - Vue(s) d'Europe
Ce 18 mars, tout ce que l’Europe compte de professionnels du cinéma s’était rassemblé dans le bâtiment Charlemagne de la Commission Européenne pour deviser et échanger sur le futur programme MEDIA pour la période 2014-2020.
Encore penchée sur la lecture et l’analyse des 2400 contributions reçues, la DG Culture n’a pas dessiné avec une grande précision les contours de ces engagements européens en faveur du cinéma.
En revanche, chacun célébrait les assurances données la veille au soir lors d’un dîner avec des cinéastes européens par le Président de la Commission, M. Barroso, sur le maintien de l’investissement financier de l’Europe dans le programme MEDIA et de son autonomie financière et de fonctionnement (puisque à l’avenir le programme MEDIA et les autres programmes culturels seront regroupés dans un « programme-ombrelle »).
Mais, cette bonne nouvelle doit tout de même être relativisée :
- avec ses 750 millions d’€ sur 7 ans, le programme MEDIA ne représente guère que le budget du CNC pour la seule année 2011 ;
- pour l’heure, rien n’indique que le programme Média apportera une attention plus grande aux créateurs ! Pourtant, il est évident que les nombreux défis qui se présentent devraient inciter la Commission Européenne à envisager une extension du champ d’action de MEDIA : l’insuffisance des aides à la formation des auteurs et à l’écriture, l’absence d’un véritable droit à rémunération pour tous les auteurs européens, les difficultés de circulation des œuvres européennes sur les services à la demande, l’inexistence d’un soutien direct aux créateurs européens appellent une action nouvelle des pouvoirs publics européens et un réaménagement du programme MEDIA.
- La politique audiovisuelle et cinématographique européenne n’est pas soluble dans le seul programme MEDIA.
Mais malheureusement, les signaux qui viennent de Bruxelles sont pour le moins sombres. Difficile en effet d’être rassurés quand se dessine une politique de négociations commerciales qui nie la spécificité des biens culturels, à rebours de tous les engagements pris et surtout de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO, quand s’organise régulièrement des examens souvent suspicieux et rarement bienveillants des dispositifs d’aide nationaux au cinéma et quand se stabilise une fiscalité culturelle européenne qui marche sur la tête en pénalisant les acteurs européens et les biens culturels numériques au profit de l’économie analogique et des grands groupes américains.
Les déclarations d’amour sont évidemment importantes. Mais, ce sont des preuves d’amour que nous attendons surtout. Et elles doivent être nombreuses et pertinentes !
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