Un pour Tous, Tous pour l’audiovisuel public
6 mars 2018 par Guillaume Prieur - Vue(s) d'Europe
On ne le sait pas toujours mais « Un pour tous, tous pour un » n’est pas seulement la devise des Trois Mousquetaires de Dumas. C’est aussi la devise de la Suisse. Il faut bien dire que, face à la votation populaire qui proposait de supprimer purement et simplement la redevance audiovisuelle et donc son service public, les Suisses ont prouvé que cette invitation à l’unité, à la solidarité et à la mobilisation n’était pas des vains mots.
Avec près de 72% des suffrages, le soldat Audiovisuel public a été sauvé largement et son financement avec (qui fait bien des envieux de ce côté-ci des Alpes avec une redevance de 390€ par an).
Cet attachement indéniable en dit long sur l’importance qu’un service public peut avoir dans une société moderne. Pour créer du lien social. Pour s’adresser à tous les publics. Pour financer et diffuser la création. Finalement, pour faire vivre la démocratie.
Ce large engagement a évidemment rassuré toutes celles et tous ceux qui, en Europe, craignaient le signal désastreux qu’aurait été une disparition d’un service public. Mais, être rassurés, à juste titre d’ailleurs, n’interdit pas de se poser des questions pour l’avenir de bien des services publics qui sont à la croisée des chemins.
Le numérique a frappé aux portes des chaînes privées comme des sociétés de l’audiovisuel public et pousse partout, dans tous les pays européens, à des réformes en profondeur. Une loi est attendue en France d’ici la fin de l’année, mais nul doute que d’autres pays prolongeront la réflexion sur leurs entreprises publiques audiovisuelles.
Face aux nouvelles concurrences des plateformes numériques, souvent américaines, et à une évolution des usages qui se diffuse rapidement dans la population, la question est désormais clairement posée de la stratégie des services publics à l’heure du numérique.
Face à ces questions nationales, osons une proposition européenne. Elle a commencé à émerger ici et là mais un peu timidement aujourd’hui : l’idée d’une plateforme numérique à partir des services publics européens.
On m’objectera sans doute la complexité des questions juridiques à traiter, l’adéquation à construire entre des contraintes économiques distinctes selon les services publics…mais, est-ce que l’Europe peut se résigner à voir des acteurs extra-européens régner sur le monde de la distribution de services audiovisuels ? Est-ce que l’Europe, dont la crise la plus profonde est peut-être celle de son identité et de l’attachement des peuples à son existence même, peut se passer d’un grand projet audiovisuel transnational ?
Alors, oui, porter un projet numérique audiovisuel des services publics est peut-être la mission des Mousquetaires de demain.
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